Le soir, Pierre Virlogeux est ramené pantelant dans sa cellule.
Un de ses camarades, Charles Chouvy, emprisonné avec lui témoigne :
Teilhède, le 21 mai 1945
Chère Madame,
Je m’excuse d’avoir un peu tardé à vous écrire, mais depuis mon retour , les nombreuses visites ne m’ont pas permis d’avoir quelques instants à moi….
Cependant, je n’ai pas oublié la tâche que vous m’avez confié.
Depuis plusieurs jours, j’y pense constamment, le plus fidèlement possible, les dernières paroles prononcées par notre cher camarade : Pierre Virlogeux.
Il y a déjà plus de 11 ( ? sur le second chiffre) mois de cela !... mais ces paroles fières, courageuses, prononcées d’une voix grave mais assurée, retentissent encore à mes oreilles.
Il m’est impossible d’en garantir, d’une façon absolue, le mot à mot, mais, sur l’honneur, je peux certifier que je n’en déforme pas l’esprit :
« Le moment est venu. Je vais mourir. J’ai fait mon devoir. Tranquillisez les amis, je n’ai rien dit.
Mes fils peuvent porter la tête haute.
Adieu ! Vive la France »
Veuillez accepter, Madame, pour vous et votre famille, l’assurance de notre profonde sympathie.
Chouvy
Charles
Instituteur à Teilhède (PdeD)
détenu politique à Riom, voisin
de cellule du camarade Pierre Virlogeux
déporté politique à Auschwitz (Pologne)
et à Buchenwald-Weimar (Allemagne)
(7 février 1944 – 1ermai 1945)